Dimanche 8 avril : Bloody weedy Sunday
Lever matinal... Le dortoir est calme, tout le monde dort encore. Je décide de me lever et d'aller expérimenter les douches collectives. Et accessoirement de charger un peu mon téléphone car quelle fut ma déception de constater que la pièce n'était pas équipée en prises électriques. Néanmoins, je n'ose pas le laisser brancher pendant que je suis dans la douche, ce serait la cata psychologique si je me le faisais voler.
L'eau est chaude, la douche propre, c'est jouissif de se laver la tête et de ressortir toute propre. Je m'habille et demande un sèche-cheveux à la réception. Pendant que je termine ma toilette, j'en profite pour faire regagner une petite barre à la batterie de mon téléphone. Je range soigneusement mes affaires (l'avantage de l'auberge de jeunesse est qu'elle forge la discipline, ce qui ne me fait pas de mal !) puis décide de prendre mon petit-déjeuner à une terrasse au soleil. Merveille de thé à la menthe et de Coca-light agrémentés d'un mini-oeuf en chocolat. Et oui, c'est Paques aujourd'hui !
Une baston éclate sur la place où se situe ma terrasse. Des camés bourrés s'en mettent plein la tête... Spectacle divertissant de si bon matin !
J'enfourche ma bicyclette et direction Van Gogh Museum. J'arrive avec 5 minutes de retard car d'une, je m'égare à l'approche du musée et de deux, je suis fascinée par les quartiers que je traverse, que je n'ai pas eu l'occasion de découvrir la veille...
Elise est déjà là et me réprimande sur mon retard. Mais en fourbe que je suis, je la laisse brailler pendant que je gare mon vélo et tranquille, je sors même une petite cigarette à me griller avant de s'engouffrer dans le musée. No stress, de toute façon, nous avons acheté notre billet sur Internet et nous n'avons donc pas à faire la queue.
Et c’est parti pour une heure de visite. Musée assez décevant, à part une version des fameux « Tournesols », quelques auto-portraits, la chambre de Van Gogh à Arles et un tableau peint pour la naissance son neveu, rien de très palpitant. J’oublie peut-être à tort de mentionner ses quelques estampes japonais, inconnues du grand public, dont je fais bien évidemment partie. Le dernier étage du musée est catastrophique, on se demande l’intérêt d’exposer ces œuvres dans un musée dédié à Van Gogh… Décidément, l’art, ce n’est plus trop mon fort… Nous trouvons l’expo temporaire du moment : Max Beckmann. J’aimais assez le tableau qui a servi à constituer la brochure présentant l’exposition mais le reste est aussi décevant. Nous sortons illico, nous ne trouvons même pas notre bonheur dans la boutique du musée : tout est hors de prix, as usual dans ce genre d’endroits. Nous nous posons quelques instants sur l’immense pelouse qui se trouve derrière le musée. J’essaie de prendre des photos convaincantes pour Gayvox mais Crazy Josy ne peut s’empêcher de marquer son territoire, non à jets d’urine mais en me balançant son paquet de clopes vide pendant que je tente de me prendre en photo… Nous manquons de peu de nous faire dévorer par un molosse qui se dégourdit les pattes dans ce vaste espace. Allez zou, il est temps de repartir, j’ai faim. Je reprends mon vélo pour rejoindre le centre. Il fait un temps superbe mais le vent souffle si fort que je suis congelée. Je décide d’être courageuse et de me poser malgré tout en terrasse. Heureusement que la carte est solidement attachée à la table en bois car tout vole et atterrit dans les canaux. Je me délecte d’un sandwich et je paie rapidement, j’ai trop froid. Je décide de me réchauffer dans les quelques boutiques ouvertes. Mais tout est aussi cher qu’en France donc je réussis à ne pas succomber à une superbe veste Adidas, I love Saint Tropez ! Je retombe sur le marché aux fleurs, j’aimerais m’offrir un petit dessert mais rien ne me tente. Je me rabats donc sur un sundae au chocolat au MacDo. Rien de tel pour se réchauffer, c’est bien connu. Je reviens sur mes pas pour récupérer mon vélo et me lance dans la visite du Jordaan et du quartier juif. Pas très palpitant à vrai dire mais force est de constater qu’Amsterdam est une ville pleine de charme. Sans but précis, il est plus qu’agréable d’errer dans les rues autour des canaux. Je suis néanmoins déçue par le quartier juif dont il ne reste pas grand-chose, si ce n’est le nom de l’artère principale : Jodenbreestraat et l’Eglise de Moïse… L’air s’est un peu réchauffé, je m’installe à une terrasse et propose à Elise de me rejoindre, à la condition qu’elle ait loué elle aussi un vélo, afin qu’on puisse continuer l’aventure au même rythme.
Quand elle me rejoint, j’en suis déjà à ma deuxième bière. Elle m’accompagne et nous décidons de nous bouger avant d’être trop ivres pour poursuivre notre route. Nous décidons d’aller faire un tour à Java et Bornéo… Nous ne sommes pas en Asie du Sud est mais sur des îles reliées au centre-ville par un pont ultra-moderne. Elise se fait klaxonner sauvagement car elle n’a pas emprunté la piste cyclable. On ne rigole pas avec la discipline hollandaise !
L’architecture est hallucinante sur ces îles : un mélange de recyclage, modernisme, d’écologie et d’art… Nous pédalons au milieu de constructions plus étonnantes les unes que les autres… Des petits ponts en fer forgé traversent les canaux, une architecture à la Franck Gehry (l’architecte du Guggenheim), des pré-fabriqués en tôle recouverte de couleurs vives, des complexes d’immeubles à n’en plus finir dans un style très industriel avec des noms de scientifiques renommés (Archimède, Praxitèle… - Il ne manquerait plus que Confucius pour que je parte en fou rire !), des places qui rappellent les Plaza Mayor d’Espagne, un immeuble en arc de cercle complet hallucinant, des boites aux lettres en bois massif… Bref, une balade architecturale assez dépaysante…
Il fait toujours froid mais les kilomètres à vélo nous ont réchauffées. Elise propose que nous allions prendre le soleil à bord du Nemo, une gigantesque construction en forme de navire qui ne peut pas passer aperçue ! Malheureusement, nous sommes dimanche de Pâques et l’entrée est fermée au public. Cela nous permet toutefois de découvrir le fameux port d’Amsterdam où ya des marins qui boivent… Un mélange de bicoques, de bateaux ultra modernes et de vieux galions…
Nous retournons dans le centre et CJ m’emmène boire une bière à son QG de ses précédentes virées à Amsterdam. Elle commande un encas pour l’apéro : que des trucs gras à souhait, fourrés à je ne sais quoi (du fromage fondu) qui me tombent sur l’estomac. Elle tient à ce que l’on passe à son hôtel car elle a un cadeau pour moi dont elle me parle depuis ce matin. Sacrée CJ, elle a élu domicile dans un repère d’homosexuels, bannière érigée arc-en-ciel à l’appui… Je découvre mon présent : un 45 tour de Dolly Parson, le sosie de ma Miss Dynasty de la veille avec des titres de chansons très évocateurs : Big wind par exemple (quelle coïncidence avec le garden fork que je viens de me prendre, malgré quand même, 2 petits sms aujourd’hui…). Nous rigolons tellement ces titres symbolisent bien ma vie sentimentale chaotique depuis bientôt un an !
Il est tôt, nous souhaitons prendre un verre avant de dîner car j’avoue que je n’ai plus très faim après ces spécialités tout en finesse… Nous nous retrouvons dans un quartier super touristique et rien ne nous tente, aussi propose-je à Elise de tenter le coffee-shop… Je n’ai pas plus envie que cela de fumer un joint mais la fourbe m’incite au vice. J’achète un space cake et un joint. Je m’installe confortablement, sirote mon Coca Light et tire quelques taffes de mon joint. Je ne veux pas le fumer en entier même si l’herbe a un goût incomparable avec ce que l’on peut fumer en France. D’un coup d’un seul, je sens que les effets secondaires se font sentir. J’observe tout de façon différente et le moindre détail prend de l’importance, à tel point que je suis incapable d’aligner plus de trois mots. En effet, j’observe tout avec tellement de dextérité qu’un mot en signifie des centaines et je perds le fil de ma pensée, comme à chaque fois que je suis foncedée. Il n’est que 20 heures, je suis un peu inquiète pour le tournant de la soirée et je préfère sortir prendre l’air. Elise a faim donc nous ne parcourons même pas 20 mètres que déjà nous nous arrêtons pour dîner dans un restaurant thaï.
Je ne sais plus où je suis, je ne me sens pas très bien. J’analyse tout et l’angoisse et la paranoïa commencent à monter. J’aimerais être au fond de mon lit à profiter de ce moment qui pourrait être génial si je pouvais me laisser aller à divaguer sans avoir le souci de tenir une conversation cohérente, de rentrer dans une chambre où je ne suis même pas seule… Un véritable calvaire, de l’eau froide sur le visage n’y fait rien. J’ai l’impression de parler couramment néerlandais mais je suis pour autant incapable de répondre à Elise quand elle me demande de quoi parlent nos voisins. Manger n’y fait rien, je ne sens même pas les bouchées que je porte à ma bouche avec difficulté. Elise tente de me rassurer en me disant que les effets de l’herbe sont censés s’atténuer au bout d’une heure… Mais cela fait bientôt deux heures qui me semblent une éternité que j’ai tiré ma dernière taffe et rien ne change… C’est même de pire en pire. Je la supplie de me raccompagner à un endroit qui m’évoque quelque chose car je me demande bien comment je vais pouvoir regagner mes pénates. Au lieu de ça, elle me propose de passer la nuit à son hôtel. Dans l’état dans lequel je suis, je n’ai qu’une envie : cesser de parler et dormir profondément mais en sécurité, tout en ayant pris soin au préalable de ne rien perdre en route. Cela me semble compromis mais les quelques enjambées à vélo me font du bien. Le froid me remet un peu les idées en place et je reconnais l’opéra qui n’est pas trop loin de l’auberge.
Je quitte Elise et pédale machinalement. Je dois vraiment être psychopathe car je trouve un peu de courage pour m’arrêter devant le cyber et regarder mes mails. J’ai du mal à lancer MSN car je confonds l’icône Hotmail et MSN, ce qui fait que je dois mettre 5 bonnes minutes à réussir à me connecter. J’ai l’impression que ma session va bientôt expirer alors qu’il me reste au moins 20 bonnes minutes mais je confonds les minutes et les secondes. C’est l’enfer… Bref, je fais ce qui me trotte dans la tête depuis un moment et bizarrement, ça je ne l’oublie pas au bout de trois mots ( !!!) : je me connecte sur GV. Je souris en m’apercevant que ma target inaccessible a consulté mon profil mais je souris un peu moins quand je la vois connectée en train de dialer. Bon allez, Gaëlle, ce bad trip t’aura au moins fait réaliser qu’il faut retomber de ton nuage de pacotille… Allez zou, dépitée et je ne sais comment, je réussis à rejoindre mon dortoir, à ranger mes affaires dans le casier, enfiler mon pyjama, insérer mes boules quiès, envoyer un message pour rassurer CJ et je sombre dans un demi-coma réparateur…